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02/03/2011

(J-Drama / Pilote) CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa : du policier très classique mais sympathique

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Commençons ce premier mercredi asiatique du mois sous le signe du policier. En attendant de jeter un oeil à la série sud-coréenne Crime Squad, je me suis penchée sur d'autres nouveautés de la saison hivernale au Japon, et plus particulièrement ces séries à enquêtes qui semblent avoir la capacité de prospérer dans les écrans de tous les pays. Parmi le large choix proposé actuellement au Pays du Soleil Levant, deux dramas ont retenu mon attention ce week-end : LADY ~ Saigo no Hanzai Profile et CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa.

Tous deux s'inscrivent dans cette vague porteuse du profilage. A qualité d'écriture plus ou moins similaire, reconnaissons à LADY ~ Saigo no Hanzai Profile le fait de savoir s'emparer sans doute de façon plus énergique et moderne de ce concept, cependant son long pilote d'1h40 (!) m'a semblé interminable. Point plus problématique, j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser au sort de ses différents protagonistes, mes sentiments à l'égard de l'héroïne fluctuant entre indifférence et agacement. A l'inverse, CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa m'a paru autrement plus sympathique. Moins ambitieuse - d'aucuns diraient moins présomptueuse - et finalement, plus facile à apprécier, avec ses qualités comme ses défauts. C'est pourquoi c'est de cette série, diffusée sur Fuji TV depuis le 11 janvier 2011, dont je vais vous parler aujourd'hui. D'autant que l'entraînante - et inattendue - chanson qui clôture ses épisodes mérite d'être saluée.

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Segawa Rio est une jeune détective impulsive et ambitieuse, qui n'hésite pas à prendre des risques et à dire le fond de sa pensée, sans forcément d'ailleurs que celle-ci soit sollicitée par des supérieurs que sa constante débauche d'énergie et son zèle de tous les instants exaspèrent. Une prise de risque de trop se termine dans une fusillade où Rio est grièvement blessée. Si cet évènement n'altère en rien ses certitudes,lorsqu'elle reprend le travail après s'être rétablie, elle apprend qu'elle a été transférée au siège de la police métropolitaine de Tokyo, dans les unités traitant des crimes violents. Mais, tout en retrouvant dans cette brigade un ancien camarade de promotion, Teranishi Kei, Rio se rend malheureusement compte ce n'est pas sur le terrain qu'elle est affectée.

En effet, la jeune femme échoue à un mystérieux poste de management qui consiste plutôt à jouer les assistantes, voire les babysitters, pour un nouveau consultant auquel leurs supérieurs ont décidé de recourir. Universitaire spécialisé en psychologie, Nagumo Jun a répondu positivement à la sollicitation des autorités. Il voit surtout dans cette opportunité de travailler avec la police la possibilité de consulter directement de nombreux dossiers d'affaires pour l'aider dans les recherches qu'il conduit sur le comportement humain. Ses théories, qui sonnent sans doute justes dans ses livres, pourront-elles aider à la résolution des enquêtes, ou s'avèreront-elles incapables de franchir la frontière de la réalité pour s'appliquer à la diversité des situations croisées ?

L'universitaire posé et la policière forte tête n'étaient sans doute pas destinés à essayer de travailler ensemble, mais ce duo a priori si dissemblable pourra peut-être donner des résultats inattendus.

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A la seule lecture de ce synopsis, il est aisé de percevoir que CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa va reposer sur une dynamique connue et qui a fait ses preuves : celle de l'association improbable de deux professionnels, aux tempéraments clairement affirmés et aux méthodes forcément très différentes, mais qui vont apprendre à collaborer pour devenir complémentaires. La recette est éprouvée, mais elle n'en demeure pas moins efficace si sa mise en scène est bien gérée, ce que l'introduction ce drama nous prouve une nouvelle fois. En effet, en dépit des stéréotypes auxquels ces bases renvoient a priori, le traitement des relations qui se nouent entre les deux personnages principaux se révèle étonnamment rafraîchissant et plaisant à suivre à l'écran. Il aurait été facile de verser dans la surenchère et de forcer, mais CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa opte pour une opportune sobriété. La série trouve finalement le juste équilibre entre une dynamique pimentée d'oppositions, tendant plus vers la comédie, et une atmosphère plus sérieuse de drama adulte d'enquêtes.

De manière générale, pour qu'un procedural show, quelque soit sa natonalité, parvienne à retenir mon attention, ce qui va faire toute la différence, ce ne sont généralement pas tant les enquêtes (à moins d'un grand arc couvrant toute la saison) que les personnages. Et c'est justement par sa dimension humaine, avec ses protagonistes sympathiques, que le pilote de CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa réussit son entrée en matière. Le sur-investissement émotionnel de Rio, avec ses attitudes toujours trop spontanées, est parfaitement contrebalancé par la douce excentricité de Jun, lequel conserve toujours une prudente distance d'observateur face aux faits auxquels il est confronté. Ce n'est pas une dynamique qui marque par une quelconque originalité - qu'elle ne recherche d'ailleurs pas -, mais son attrait réside dans cette impression de naturel. Les oppositions et autres différences de vues ne tombent jamais dans le jusqu'au-boutisme facile. Aucun personnage n'en fait trop (même si Jun manifeste une certaine tendance à s'écouter parler). Si bien que c'est cette confortable justesse de ton qui permet de s'attacher à eux individuellement, mais aussi au duo qu'ils forment ensemble.

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Sur la forme, CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa reste également sobre. Si sa réalisation est de facture classique, en revanche, c'est par sa bande-son que le drama retient l'attention du téléspectateur. Non seulement par son utilisation fréquente de petites musiques rythmées, qui permettent d'alléger l'ambiance et de souligner les passages plus détendus, mais aussi par un générique de fin qui offre une conclusion parfaite. Le montage des images n'a rien d'innovant, mais la chanson choisie surprend, par son côté très entraînant et dynamique. Ce fut pour moi un petit coup de coeur musical.

Enfin, il convient de saluer le casting, qui n'est pas pour rien dans cette appréciation positive des personnages que le téléspectateur retire de ce premier épisode. On y retrouve quelques valeurs sûres du petit écran japonais. Matsushita Nao (Tantei Club) fait preuve d'un dynamisme communicatif, tandis que Fujiki Naohito (Hotaru no Hikari) n'a pas son pareil pour mettre en scène un flegme universitaire difficile à ébranler. A leurs côtés, on retrouve notamment Yokoyama Yu, Kitamura Yukiya, Usuda Asami, Sato Jiro, Katsumura Masanobu ou encore Izumiya Shigeru.

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Bilan : Procedural show construit sur des bases d'un classicisme assumé, si le pilote de CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa se révèle plaisant à suivre, il le doit tant à sa sobriété, qui lui confère une forme d'authenticité, qu'à la dynamique sympathique qui se crée rapidement entre ses personnages principaux. Ce premier épisode n'est sans doute pas celui d'une série policière ambitionnant de marquer ou de surprendre, mais il installe un univers confortable et pose des points de repère auxquels le téléspectateur s'attache aisément. Les amateurs du genre ne seront sans doute pas déçus.

Et puis, dernier point non négligeable pour permettre de quitter le pilote sur une bonne impression : la chanson du générique de fin (dont je vous propose, en bonus, le MV intégral ci-dessous - il s'agit de la dernière vidéo) !


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de fin (et sa musique surprenante et rafraîchissante !) :


BONUS : Le MV de l'excellente chanson du générique (Ginga no Hoshikuzu, par Kuwata Keisuke) :


10/11/2010

(J-Drama / Pilote) Guilty Akuma to Keiyakushita Onna : jusqu'où le désir de vengeance peut-il conduire ?


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Devant l'embarras de choix téléphagiques en ce dernier trimestre 2010, j'ai l'impression d'avoir des problèmes de riche pour remplir mon mercredi asiatique. Ce qui, pour un téléphage, ne peut jamais être objectivement qualifié de "problème". Tant de nouveautés aux synopsis aguicheurs, aux genres complètement différents, aux castings retenant mille et une attentions... Sur quels critères objectifs (ou non) donner la priorité à telle ou telle série ? Avant un retour probable en Corée du Sud, où les nouvelles séries m'appellent, ce week-end, après de nombreuses tergiversations, j'ai finalement jeté mon dévolu sur un drama, diffusé depuis le 12 octobre 2010 au Japon, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna.

Parce que les histoires de vengeance exercent toujours une certaine fascination chez moi. Parce que même si je n'imagine pas Fuji tv porter à l'écran une série aussi sombre que ce dont je pourrais rêver à partir de la seule lecture du résumé, j'avais bon espoir que la mise en scène d'un flou moral troublant, dépassant tout caractère manichéen, soit plus réussie que l'un des principaux ratés de mes expériences estivales, JOKER Yurusarezaru Sosakan. Finalement, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna ne s'est pas révélé exempte de défauts, et il serait excessif d'en faire un coup de coeur automnal. Pour autant, la série a su si bien accrocher mon intérêt que j'ai visionné les trois premiers épisodes d'affilée, tout en conservant le secret espoir que le drama saura grandir et mûrir au fil de la saison. Ainsi, même si elle est loin d'être parfaite, la série n'en demeure pas moins digne d'attention.

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Guilty Akuma to Keiyakushita Onna, c'est une histoire de revanche implacable, mais pas seulement. Au cours des deux premiers épisodes, s'esquisse également une rencontre, de deux êtres à une intersection de leur vie, à un croisement incertain où les dérives et choix qui s'offrent à eux vont rapprocher ces deux adultes qui n'auraient jamais rien dû avoir en commun.

En apparence, Nogami Meiko incarne la jeune femme sans histoire, menant une existence paisible en occupant un emploi dans un salon dédié aux animaux domestiques. Appliquée et enthousiaste dans son travail, personne ne pourrait se douter que lorsque les regards se détournent, le sourire qui illumine habituellement son visage se fige et disparaît. Car Meiko cache des blessures plus profondes. A l'âge de 19 ans, elle a été accusée et condamnée pour les meurtres par empoisonnement de son beau-frère et son beau-fils, cette tragédie aboutissant au suicide de sa soeur. Elle a toujours clamé son innocence, mais en vain. Désormais libérée, elle utilise son emploi du temps flexible et ses sorties pour organiser un autre plan autrement plus sombre : orchestrer une vengeance implacable contre les personnes, dont les actions ont, des années plus tôt, brisé sa vie. Si le téléspectateur ignore quel secret unit toutes les cibles de Meiko, il assiste à l'inarrêtable progression des plans de la jeune femme. Si pour le moment, elle est toujours parvenue, à la suite de chantage impliquant des êtres qu'elles aiment, à pousser ses victimes au suicide, jusqu'où peut-elle aller dans cette spirale de vengeance ? Pourra-t-elle vraiment, si la situation l'y oblige, prendre une vie de sang-froid ?

Sa perspective va peut-être changer en raison d'une rencontre fortuite pour son travail, se liant avec l'ami d'un client ayant laissé son chien : Mashima Takuro. Les états d'âme de Meiko semble se refléter comme dans un miroir chez cet homme dont elle ne connaît quasiment rien. C'est du point de vue de ce dernier que l'histoire nous est contée. Car Takuro, ayant ses propres préoccupations et problèmes, va lui cacher sa qualité de policier. Depuis une erreur de jugement qui a coûté la vie à la recrue qu'il avait sous ses ordres, Takuro n'est que l'ombre de lui-même. En plus d'un lourd poids sur la conscience qui lui fait trouver refuge dans l'alcool, il doit supporter les brimades continuelles de ses collègues pour poursuivre sur les ruines d'une carrière policière qui aurait pu être brillante. S'ajoute à tous ces soucis déstabilisants la disparition récente de son ancien mentor, accusé de corruption. Si tout le monde a vite fait de classer ce cas en suicide, Takuro découvre que c'est sur une affaire glissante que le vieil homme s'est lancé : l'affaire d'empoisonnement qui vit condamner Meiko. Rapidement, Takuro établit un lien entre d'étranges suicides qui ont lieu depuis plusieurs semaines et la jeune femme... Alors que le meurtrier de son ancien partenaire échappe à la condamnation pour insanité, Takuro poursuit ses visites auprès de Meiko, sans rien reporter de ses soupçons à des supérieurs qui préfèrent tant l'ignorer. Jusqu'où le conduira cette fréquentation ?

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Guilty Akuma to Keiyakushita Onna laisse une première impression ambiguë, qui apparaît finalement comme un reflet fidèle au flou ambiant que réserve la tonalité de la série. Appliquée, la série flirte avec une ambivalence morale jamais complètement assumée, mais où pointe une volonté scénaristique évidente de dépasser tout cadre manichéen, afin de remettre en cause la dichotomie traditionnelle du bien et du mal. C'est dans le personnage de Meiko que s'incarnent toutes les nuances de gris composant l'univers de ce drama : son projet de vengeance fait distinctement transparaître les deux faces dissociées d'une même personne, sans que le téléspectateur puisse deviner quelle est la réelle personnalité qui se cache sous ces masques. Est-ce cette face enjouée et ouverte aux autres ? Ou bien est-ce celle qui se referme et laisse entrevoir une détermination ayant banni toute émotion humaine ? Si la non-culpabilité de Meiko, pour l'empoisonnement à l'origine de tout, ne semble faire aucun doute de la perspective du téléspectateur (avec le peu d'éléments dont il dispose), en revanche, l'image qu'elle renvoie à l'occasion, d'une froideur déconnectée de toute contingence morale apparaît presque en accord avec le portrait terrifiant que sa mère en dresse.

Pourtant, si Guilty Akuma to Keiyakushita Onna entretient une volontaire ambivalence quasi-schizophrénique construite autour de son personnage central, la série ne franchit jamais un certain seuil, comme prisonnière d'un restant d'inhibitions. Ainsi, lorsque Meiko menacera de lâcher le bébé du haut du toit d'un immeuble, on découvrira a posteriori qu'il ne s'agissait que d'une poupée... Invariablement, elle utilise toujours le bluff pour fonder son chantage fatal, et n'a pour le moment jamais eu à mettre à exécution ses menaces. Certes, elle apparaît implacable à l'encontre de ses cibles, n'hésitant pas à détruire leur famille par leur mort ; mais si elle se ré-invente des codes moraux, elle ne s'en affranchit jamais complètement. S'attachant à ne pas dépasser ce point de non-retour virtuel, pour le moment, la série semble ménager à Meiko une porte de sortie. Pour autant, cette prudence permet aussi à Guilty Akuma to Keiyakushita Onna de laisser subsister un certain non-dit, autrement plus inquiétant, puisque résonne en arrière-plan une question lancinante : jusqu'où Meiko peut-elle se laisser emporter dans cette spirale de vengeance ?

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A ce stade de l'histoire, deux possibilités s'offrent à ce drama pour son évolution future. Ou bien peut-il nous décrire un progressif glissement hors de contrôle de personnages emportés par un désir de justice personnelle, réglant alors de manière privée et implacable leurs comptes en achevant de détruire leur rattachement à un certain idéal. Ou bien peut-il rester prudemment sur le sentier balisé de ces premiers épisodes, exploitant pleinement l'ambiguïté de la mise en scène, mais sans jamais concrétiser ce risque, se contentant de laisser en suspens la possibilité d'une telle dérive. Tout le paradoxe de Guilty Akuma to Keiyakushita Onna est finalement de parvenir à faire d'une de ses limites, a priori les plus contraignantes par rapport à son concept, une forme de point fort, en ce sens que la série ne se ferme aucune porte et sait jouer sur la suggestion pour envisager toute éventualité.

Le personnage de Takuro suit un schéma similaire ; le cumul de sa faillite personnelle et de la faillite du système judiciaire qui relâche le meurtrier de son partenaire achève de détruire ses dernières certitudes qui sont emportées par la disparition de son mentor. Sa rencontre, puis la relation qui s'esquisse entre lui et Meiko, interpellent immédiatement le téléspectateur. Non seulement par cet effet de miroir que l'on perçoit entre les deux dans leurs échanges, pareillement tiraillés, mais aussi en raison du fait que le policier sait ce que représente la jeune femme, sans que cela l'empêche de ressentir une étrange fascination pour elle. Or, consciemment ou non, le rapprochement qu'il encourage avec Meiko, et le silence dans lequel il s'enferme vis-à-vis de ses supérieures, apparaît un premier pas vers un glissement plus sombre, qui anéantirait ses derniers repères.

Outre l'attraction qu'exercent ces figures troublées, si la série bénéficie pleinement de la force des thèmes abordés, un des reproches principaux qui peut être adressé à son écriture, est sans doute son relatif manque de subtilité, auquel s'ajoutent quelques problèmes de crédibilité - le personnage du journaliste excentrique à l'excès, aux motivations floues, et vaguement omnipotent, représentant l'incarnation de certaines caractéristiques des fictions japonaises auxquelles je ne me suis jamais habituée.  Pourtant, que ce soit dans les rapports qu'entretiennent les personnages, ou bien dans la façon dont l'histoire progresse, le drama sait maintenir une tension constante dans la narration qui ne prend jamais l 'intérêt du téléspectateur en défaut. Il offre une consistance d'ensemble apportant une solide homogénéité dans la narration, qui vient ainsi compenser certains de ses travers récurrents.

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Presque logiquement pourrait-on dire, la forme s'inscrit dans une certaine continuité par rapport au fond de la série. En effet, d'apparence classique et sans valeur ajoutée particulière dans ses premières scènes, c'est finalement par une frustrante intermittence que la série laisse entrevoir un réel potentiel esthétique et une certaine maîtrise des tonalités colorées qui mérite d'être soulignée. Elle adopte ainsi à l'occasion une photographie plus soignée et recherchée, s'attachant avec beaucoup de réussite, et une certaine poésie de la mise en scène - consacrée par le générique de fin -, à refléter l'ambiance trouble du passage concerné. L'exercice est appréciable à l'écran ; mais ne nous donne que plus de regret sur l'identité visuelle que Guilty Akuma to Keiyakushita Onna aurait pu se construire si elle en avait eu l'ambition.

Pour supporter cette difficile histoire, le casting se révèle à la hauteur. Je confesse cependant que ma mémoire m'a (encore une fois) fait défaut. Il aura fallu attendre que je me plonge dans la filmographie du casting en rédigeant cette review, pour me rendre compte que cette série marque en fait un retour aux sources, par des retrouvailles avec un des premiers acteurs de séries asiatiques croisé au cours de mes débuts téléphagiques sur ce continent : Tamaki Hiroshi. Puisque Nodame Cantabile fut, avec Nobuta wo Produce, mon premier drama asiatique (il est plus récemment apparu dans Love Shuffle). Cette parenthèse de nostalgie téléphagique refermée, il convient de saluer Kanno Miho (Ai no Uta, Magerarenai Onna ou encore Niji wo Kakeru Ouhi), qui n'a sans doute pas un rôle facile en raison des hésitations des scénaristes, mais qui s'en sort de façon convaincante. Par ailleurs, retrouver Kichise Michiko (Mousou Shimai, BOSS) suffit à m'offrir quelques petits instants de bonheur à l'écran. Enfin, on croise également dans  la série des têtes familières du petit écran japonais, comme Mikami Kensei (GOLD, Tsuki no Koibito), Yoshida Kotaro, Karasawa Toshiaki (Fumo Chitai), Rikiya, Moro Morooka, Takizawa Saori (Jotei), Yokoyama Megumi ou encore Iwamoto Masuyo.

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Bilan : A l'image de ses personnages, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna est un drama sombre qui flirte avec ses propres inhibitions narratives, à la croisée des chemins, et auquel il manque peut-être une construction scénaristique plus subtile et rigoureuse pour pleinement exploiter son potentiel. C'est ce que ses deux personnages principaux feront de leur rencontre et jusqu'où les conduiront leurs réflexions et états d'âme qui déterminera la valeur et la portée de cette série. Pour autant, au terme de ces premiers épisodes, on ne peut que constater la capacité étonnante de cette fiction à savoir se jouer de ses limites pour cultiver une ambiguïté au sein de son univers qui interpelle, transcendant toute classification. En dépit de certaines réserves, et sans adhérer à tout, il se révèle très difficile de décrocher de cette intrigante histoire, une fois que l'on est immergé dans ces mystères. Téléphages amateurs d'histoire de vengeance, laissez-vous tenter sans hésiter.   


NOTE : 6,5/10


Le générique très sombre et esthétique :

06/10/2010

(J-Drama / Pilote) Gold : objectif Londres 2012

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Comme toujours, je cultive obstinément cette habitude de suivre la télévision japonaise à distance, maintenant un décalage entre les diffusions du pays du Soleil Levant et mes propres découvertes. Si bien que, généralement, c'est lorsque la nouvelle saison pointe le bout de ses programmes que je commence à me plonger sérieusement dans le trimestre téléphagique précédent. Cela a ses avantages, puisque j'ai tendance à suivre les conseils des uns et des autres, plus qu'à me fier à la seule lecture de synopsis souvent insuffisants.

C'est ainsi que la semaine passée, je vous avais présenté mon bilan de Atami no Sousakan, qui restera sans nul doute ma série japonaise préférée de cet été 2010. Poursuivant ma route, je me suis, ce week-end, penchée sur Gold, dont les sous-titres anglais sont moins avancés, mais qui était également chaudement recommandée (par ici). J'avoue avoir eu quelques réticences avant de tenter ce drama, comportant 11 épisodes et qui fut diffusé du 7 juillet au 16 septembre 2010 sur Fuji TV. La thématique sportive sous-tendant l'ensemble me semblait excessivement familière. Cependant, au-delà de cette seule thématique sur le sport, entrelacée avec celle de la famille, c'est face à une série, avec beaucoup de personnalité et une dimension humaine plus large que ce seul concept initial, que je me suis retrouvée. Les deux premiers épisodes visionnés m'ont intriguée ; en espérant poursuivre cette découverte.

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Le coeur de Gold réside dans la force, mais aussi l'attractivité, de sa figure centrale, dont le charisme supporte une bonne part des thématiques abordées dans ce drama. En effet, Saotome Yuri est une femme d'affaires à succés, surfant sur un empire mêlant sport, diététique et beauté. Héritière des ambitions sportives familiales, elle s'est construite toute une image médiatique façonnée autour de l'éducation de ses enfants, toute entière tournée vers des rêves de médaille d'or. Car Yuri est aussi restée la seule dépositaire des espoirs olympiques paternels, après la mort accidentelle de son frère aîné, qui était celui qui avait été programmé pour réaliser cette ambition.

Ayant épousé un ancien sportif, lui-même médaillé d'or, Yuri a eu quatre enfants. Si elle vit désormais séparée de fait de ce dernier - mais maintenant les apparences aux yeux du public -, c'est elle qui est restée en charge d'élever leurs enfants. Elle a suivi l'idéal rigoriste qu'elle prône jusque dans les livres qu'elle publie sur le sujet. Mère intransigeante, fidèle à ses principes, elle a fait des trois premiers des athlètes à la carrière en devenir, tous trois s'entraînant dur en vue des Jeux Olympiques de Londres. Le plus jeune, de santé plus fragile, bénéficie en revanche d'un traitement particullier, qui le protège tout en l'excluant implicitement de cette émulation collective. Habile psychologue et manipulatrice hors paire, Yuri ne laisse rien au hasard. Même quand elle engage comme secrétaire la si jeune et innocente Nikura Rika.

Mais quel est le prix à payer pour atteindre ces rêves olympiques de grandeur ? Tous les sacrifices se justifient-ils au nom de l'or ?

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Initialement, je craignais un peu de me retrouver face à l'archétype de la série sportive, avec tous les poncifs que cela impliquait entre dépassement de soi et course à la réussite par l'effort. Or, Gold va dévoiler bien plus que cette seule dimension. Si en toile de fond, l'aspect sportif demeure une constante qui conditionne la vie de tous les personnages, c'est en amont, dans les dynamiques relationnelles qui s'initient entre les personnages, mais aussi dans les questions qu'elles soulèvent, que se situe la richesse de la série. Le drama bénéficie en plus de sa tonalité extrêmement directe, n'hésitant pas à aborder frontalement des thématiques compliquées. Ces dernières se révèlent d'ailleurs plus complexes et ambivalentes que les apparences premières avaient pu le laisser penser, ce qui permet aussi de prendre une certaine distance avec les théories prêchées par le personnage principal.

Le pilote, ou du moins sa première demi-heure, s'apparente à un pamphlet sans concession contre les méthodes d'éducation modernes. Jetez votre vieil exemplaire de Françoise Dolto aux oubliettes, voici la vision des choses telle que prônée par Yuri. Inflexible et exigeantes elle a élevé ses enfants "à la spartiate", comme le qualifie métaphoriquement le présentateur tv dans la séquence d'ouverture. Rejetant tout compassionnel, le discours parfaitement rodé de Yuri sert d'entrée en matière musclée dans la série. Il est loin de faire l'unanimité, mais cette quête vers l'excellence, ancrée dès le plus jeune âge, séduit également par l'élitisme ainsi affiché, par ce relatif déterminisme qui semble entériné et écarter tout hasard. La thématique est potentiellement glissante ; inconsciemment au moins, lorsque l'on découvre que Yuri s'est mariée avec un sportif lui-même médaillé, le terme "eugénisme" pointe en arrière-plan.

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C'est dans ce cadre que, précisément, la série va faire preuve d'une maîtrise narrative admirable, ne tombant dans aucun des pièges potentiels. Prenons pour exemple l'excellente scène d'ouverture du drama, qui donne parfaitement le ton immédiatement. Sa vraie réussite, c'est d'avoir offert un contradicteur - qu'elle ridiculise - à Yuri. Les indignations désordonnées et instinctives de ce dernier sont semblables à celles qui viennent naturellement au téléspectateur, face à une femme qui vous expose, avec un réel aplomb, ses certitudes concernant la division des enfants en plusieurs catégories, les gagnants contre les loosers, les "b-child" contre les "poor child", produits de l'éducation laxiste de leurs parents. Or le contradicteur fait ici office d'exutoire pour le téléspectateur : cette opposition, aussi peu inspirée qu'elle soit, permet de crever l'abcès avant qu'il ne s'infecte. L'entrée en matière de la série ainsi dédramatisée, le téléspectateur peut se concentrer non sur son déni réflexe des théories avancées (le rôle ayant déjà occupé), mais sur la figure qui formule de telles idées.

C'est à partir de là que la magie de Gold opère. Car, sous la surface si policée, les choses se révèlent plus complexes et ambivalentes que l'idéal prôné par Yuri. Cette dernière symbolise d'ailleurs à elle-seule toute la part de lumière, mais aussi d'ombre, qui sous-tend la série. Une brève rencontre avec son père nous révèle combien elle s'inscrit dans un schéma de reproduction sociale stricte ; elle transfère sur ses enfants sa propre éducation. De même qu'elle leur a transmis l'héritage laissé par son frère décédé, celui de remporter cette fameuse médaille d'or, une véritable course à l'excellence familiale. Au-delà de cette rigoureuse reproduction, Yuri est elle-même consciente des coûts et des ambiguïtés inhérentes à cette voie. Quand elle éclate en sanglots dans la voiture, après avoir été placée devant les contradictions de sa vie amoureuse, n'est-ce pas le poids de son impuissance à s'épanouir en tant que femme, dans le schéma de vie forcée qu'elle suit, qui est soudain trop lourd à porter ? Au fil des scènes, c'est un fascinant portrait féminin qui est peu à peu dressé.

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Si Yuri est incontestablement la figure centrale de ce drama, les autres personnages n'en sont pas pour autant oubliés. Il y a une réelle homogénéité d'ensemble, une complémentarité de tous, qui permet à la série de développer toute une dimension très humaine - peut-être un peu inattendue au vu du seul synopsis - et qui est très intéressante à suivre, sans doute parce que la qualité de l'écriture permet de trouver rapidement le juste équilibre entre chacun. Les enfants de Yuri, dont les plus âgés entrent bientôt dans l'âge adulte, avec leurs personnalités propres, plus ou moins affirmées, sont le produit d'une éducation, mas c'est aussi leur propre identité qui achève de se construire (et donc de s'affirmer). Témoins privilégiés de leurs motivations secrètes, de la façon dont ils appréhendent finalement le statut que leur mère a choisi pour eux, la très grande diversité que proposent les trois adolescents permet une prise de distance. Leurs failles paraissent ainsi comme rassurantes, face au déterminisme excessif de certaines certitudes de Yuri. C'est avec un intérêt jamais démenti que l'on assiste à ces conflits constants, entre impulsions premières, éducation et sentiments.

Enfin, dernière preuve de la maîtrise narrative dont font preuve ces deux premiers épisodes de Gold, le téléspectateur dispose d'un repère pour s'inviter peu à peu dans le quotidien de Yuri et de son entourage, avec l'introduction d'une nouvelle secrétaire, innocente à l'excès, Rika. C'est à ses côtés que l'on va découvrir les craquelures sous la surface et la réalité nuancée de la vie de cette famille. C'est aussi grâce à Rika que la série se permet de jouer quelque fois sur une fibre plus légère et comique, détendant l'atmosphère globale et occasionnant quelques ruptures narratives salvatrices. Ce personnage se révèle d'autant plus intéressant qu'elle trouve rapidement ses marques aux côtés de Yuri ; les deux femmes forment un duo très complémentaire, parfaitement détonnant, qui occasionne vraiment d'excellents échanges, avec des réparties bien dosées.

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Enfin, Gold bénéficie d'un excellent casting, où resplendit surtout une Amami Yuki (Last Present, BOSS) impressionnante de charisme, qui parvient avec beaucoup de talent à retranscrire à l'écran les différentes facettes de son personnage. Elle est parfaitement au diapason de cette figure centrale qu'elle incarne. C'est par rapport à elle que les autres se positionnent et trouvent finalement leur pendant logique, justifiant la façon dont ils abordent leurs personnages. On retrouve notamment Nagasawa Masami (Last Friends), dans le rôle de la secrétaire, et Sorimachi Takashi (HOTMAN), dans celui de l'entraîneur. Je suis un peu moins convaincue, pour le moment, par les acteurs incarnant les enfants de Yuri (Mikami Kensei, Matsuzaka Tori, Takei Emi), mais ils s'insèrent dans le cadre général du drama.

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Bilan : Bien plus qu'une énième déclinaison de fiction dite "sportive", Gold s'impose comme une série dotée d'une profonde dimension humaine, à la fois troublante et fascinante. Toutes les théories sur l'éducation de Yuri soulèvent de lourdes questions, frôlant déterminisme, voire eugénisme, mais pour le moment, la série évite admirablement bien tous les pièges potentiels en éclairant et développant toute l'ambivalence qui les entoure. Ce positionnement entre ombre et lumière fait prendre au drama toute son ampleur. Car ce sont des tensions constantes que met à jour cette série, par le biais d'une écriture étonnamment mâture, maîtrisant admirablement toute sa narration.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de clôture :

28/07/2010

(J-Drama / Pilote) Toubou Bengoshi : le Fugitif japonais est avocat.


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Dernier mercredi asiatique d'un mois qui aura été assez dense en la matière sur ce blog (le plus riche depuis sa création, avec 6 séries évoquées). Nous sommes fin juillet ; et qui dit été, dit nouvelle saison téléphagique au Japon, où les programmes télévisés se succèdent tous les trimestres. Je me suis engagée auprès de vous à être aventureuse, donc, cette semaine, je me suis risquée devant plusieurs pilotes déjà sous-titrés. Bon, pour le moment, je n'ai eu aucun coup de foudre. Si j'ai toujours plus éprouvé une curiosité réservée qu'une réelle passion pour le Japon (ce qui explique sans doute mon penchant moins naturel à explorer toutes ses fictions, ajouté au fait que nous sommes dans un paysage téléphagique que je fréquente moins et donc où il me manque certaines clés), ces derniers mois, je crois cependant avoir cerné mon idéal de séries japonaises : ce sont des Gaiji Keisatsu et autre Mother. Sauf que j'ai quand même un peu l'impression, sans vouloir trop m'avancer, qu'elles ne peuplent pas en majorité les grilles de programmes du pays du Soleil Levant.

En attendant la perle rare, je vadrouille donc. Je teste. Avec plus ou moins de succès. La démarche est d'autant plus difficile que j'ai beau vouloir me départir de mes réflexes de téléspectatrice occidentale, je dois avouer que certains dramas m'y font revenir instantanément. Franchement, est-ce qu'il est possible de regarder JOKER Yurusarezaru Sosakan sans dresser des parallèles avec Dexter ? Ou de découvrir Toubou Bengoshi sans penser au Fugitif ? Laissez-moi vous assurer que, si vous y parvenez, c'est que vous avez réussi à acquérir une indépendance culturelle que je n'ai manifestement pas. Pour couronner le tout, il y a certaines thématiques très prisées par les dramas japonais qui me laissent vraiment de marbre, notamment leurs rapports particuliers avec leurs professeurs de lycée ; quand on a pris la peine de regarder des Gokusen et autres DragonZakura, faut-il vraiment jeter un oeil sur Hammer Session! ?

Bref, notez bien que je fais des efforts, mais que le résultat n'est pas toujours à leur hauteur. Et si, aujourd'hui, je vais vous parler de Toubou Bengoshi, c'est en bonne partie dû au fait que j'ai toujours éprouvé une irrésistible attirance pour toute histoire de fugitif... Le fait que cela se passe au Japon est finalement l'occasion de renouveler le cadre géographique d'un thème pour lequel je signe toujours des deux mains.

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Toubou Bengoshi est donc un drama estival. Plus précisément, il s'agit d'une série diffusée sur Fuji TV, depuis le 6 juillet 2010. Comme son sous-titre anglais l'indique aux anglophones, "The Fugitive Lawyer", elle se propose de nous faire suivre la descente aux enfers d'un jeune avocat de Tokyo, Narita Makoto. Son patron, un juriste renommé, fervent protecteur des droits de la défense, est assassiné à son cabinet, tard un soir où il était resté travailler. Narita, venu rendre un dossier embarqué sans le vouloir, est assommé par le meurtrier qui prend la fuite. Or, en plus d'avoir été découvert sur place inanimé, la police met au jour, au cours de son enquête, des listing prouvant que Narita détournait de l'argent. Son patron l'aura découvert ; et il aurait donc tenté de se protéger par ce meurtre maladroit. Se retrouvant accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, dans une affaire où toutes les preuves circonstancielles pointent vers lui, et où la peine encourue est la mort, Narita décide de s'enfuir pour essayer de prouver son innocence et découvrir le véritable coupable.

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Il réussit à s'échapper de l'hôpital où il se remettait, avant que la police ne procède à son arrestation. Commence alors une cavale mouvementée, où le fil conducteur va être la quête d'une vérité bien difficile à saisir, avec pour seul point de départ à son enquête, une secrétaire du cabinet qui a fait un faux témoignage à la police, brisant l'alibi du jeune homme pour l'heure du meurtre, et qui a ensuite disparu. En essayant d'élucider ce meurtre, Narita va croiser sur sa route différentes personnes, à l'existence brisée, qui ont, elles-aussi, connu leurs propres "accidents" de la vie. Parce qu'il n'a pas perdu cet idéalisme, rempli d'une certaine candeur, qui le caractérisait, Narita n'oublie pas ses chers textes de lois et délivre, au gré du hasard des rencontres, des consultations et conseils afin d'aider ces démunis rejetés hors du système.

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Présenter ainsi, vous devinez que nous sommes face à une série qui se rapproche par bien des aspects d'un formula show. A cela s'ajoute un fil rouge, formant une sorte de "mythologie" constituée par le premier meurtre et un ensemble de mystères, plus ou moins suggérés, qui viennent se greffer autour. Certes, il y a une certaine prévisibilité à suivre les avancées chaotiques, accompagnées de fuites toutes aussi mouvementées, de Narita. Pour autant, toute aussi calibrée qu'elle paraisse aux premiers abords, je dois dire que Toubou Bengoshi a aussi su me surprendre au cours de ses deux premiers épisodes.

Au-delà de ses apparences un peu manichéennes, les premières "affaires" du fugitif Narita se révèleront plus complexes et nuancées qu'attendues. L'ancien avocat ne fait pas de miracles et chaque cas a ses imprévus. Ainsi le premier se conclura d'une façon qui prend presque à contre-pied un téléspectateur qui l'avait déjà inconsciemment classé. Cela ne verse pas forcément dans une réelle originalité, mais les scénaristes démontrent des ressources pas inintéressantes. A voir s'ils sauront se renouveler et comment tout cela évolura.

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Parallèlement à ces "affaires du jour", l'enquête sur le meurtre du célèbre avocat progresse lentement (voire quasiment pas au cours des deux premiers épisodes). Lors du second, la police a depuis longtemps cessé de chercher d'autres suspects et, un an après les faits, Narita en est toujours au même point. S'il est devenu plus méfiant et prompt à se dissimuler lorsqu'il croise des forces de police, il recherche toujours l'ancienne secrétaire, s'accrochant au seul élément concret dont il dispose : ce faux témoignage qui a achevé de détruire sa crédibilité auprès des autorités.

Les scénaristes distillent bien quelques indices, dévoilant d'obscures conversations ou attitudes équivoques qui soulèvent des questions chez le téléspectateur, mais tout paraît encore bien trop flou pour oser dresser la moindre conjecture. Si bien que l'on reste, pour le moment, dans l'expectative, au même niveau que Narita, s'interrogeant sans avoir les moyens de commencer à entre-apercevoir ce qui se cache réellement derrière ce meurtre et le piège qui s'est refermé sur lui. Un peu de mystère, voilà de quoi aiguiser notre curiosité ! Si bien que le reste des intrigues se déroulant sans anicroches, au final, Toubou Benhgoshi n'est pas déplaisante à suivre.

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Enfin, au casting, on retrouve des figures familières du petit écran japonais. Si je n'avais pas gardé de souvenirs de notre précédente rencontre (qui a dû avoir lieu, d'après sa filmographie, il y a fort longtemps, dans quelques scènes de Gokusen), Kamiji Yusuke (plus récemment vu dans Gyne ou Scrap Teacher) s'en sort plutôt de façon globalement satisfaisante dans son rôle de juriste qui voit toute sa vie bouleversée. A ses côtés,  Ishihara Satomi (vue dans Voice l'année dernière et que j'ai dû croiser, du temps de ma première exploration des j-dramas, dans Kimi wa Petto) incarne la fille aînée de l'avocat assassiné. Enfin, Kitamura Kazuki (Bambino!) joue le policier originellement en charge de l'enquête qui aura trouvé en Narita, le coupable aussi parfait qu'idéal.

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Bilan : Toubou Bengoshi se suit sans difficulté, ni déplaisir, mais sans non plus marquer le téléspectateur. Elle est proprement calibrée, parfois un peu trop prévisible. Cependant, sans faire dans l'originalité, elle s'offre aussi quelques développements intéressants, notamment dans son quotidien qui la rapprocherait plus d'une déclinaison de formula show, qui se révèlent plus subtiles et nuancés qu'il n'y paraîtrait a priori. Si bien qu'il n'est pas difficile pour un téléspectateur appréciant le concept de départ de se laisser prendre au jeu du mystère ambiant. Investissant un registre particulier au sein de la thématique policière, celui d'un Fugitif, Tobo Bengoshi remplit donc honnêtement son rôle. On regrettera peut-être qu'elle ne fasse pas preuve de plus d'ambition, mais peut-être le drama saura-t-il s'affirmer progressivement.


NOTE : 5,75/10


Quelques images de la série (à la fin du monologue de Kamiji Yusuke) :

05/05/2010

(J-Drama / Pilote) Sunao ni Narenakute : du virtuel à la rencontre IRL, portrait d'une socialisation moderne



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Un "mercredi asiatique" original aujourd'hui : ce n'est pas en Corée du Sud mais au Japon que je vous emmène pour explorer cette saison 2010 et ses nouveautés. Car ma téléphagie a connu un nouveau tournant, parmi les cycles qui l'animent. Cela devait faire plus d'un an que je n'avais plus regardé de j-dramas. Et bien, je vous annonce qu'après de longs mois d'hibernation, il semblerait que mon intérêt pour le Japon se soit soudain réveillé au cours de la semaine passée. En somme, il est fort probable que ce pays ne soit plus une destination si exceptionnelle que ça, dans le cadre du mercredi asiatique (même si la Corée du Sud demeure privilégiée).

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Il faut dire que je passais trop de temps à lire des reviews de séries japonaises, en quête de la petite étincelle, pour échapper éternellement au prosélytisme d'un internaute qui me convaincrait de sauter le pas et de rompre cette distance prise avec le petit écran du pays du Soleil Levant. Le tournant s'est donc produit la semaine passée : sur le blog Ladytelephagy (une mine d'or, notamment en découvertes de pilotes de tous les horizons, que je soupçonne constituée grâce à l'utilisation d'une machine à voyager dans le temps pour réussir à regarder tout cela en le reviewant), la critique proposée sur un des nouveaux dramas de ce printemps a aiguisé ma curiosité : elle concernait Sunao ni Narenakute. Série présentée a priori un peu comme la rencontre improbable de classiques comme Last Friends et Densha Otoko, je suis ressortie très satisfaite de cette découverte.

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Sunao ni Narenakute est un drama diffusé depuis le 14 avril 2010 sur Fuji TV. Projet assez ambitieux à la base, disposant d'un casting accrocheur, la série a la particularité d'avoir choisi comme concept de départ, un outil très actuel : twitter. Cette inspiration n'est pas le propre du Japon, puisque des scénaristes aux quatre coins de la planète (aux Etats-Unis, par exemple) commencent à s'intéresser au potentiel narratif se cachant derrière ces micro-messages du quotidien  et leurs frustrants 140 caractères. Cependant, plus qu'un drama sur cet outil de communication particulier, Sunao ni Narenakute s'empare d'une thématique relativement générale : celle de la place du virtuel dans la construction du lien social au sein de nos sociétés modernes, initiant par ce biais une réflexion sur ses rapports avec la vie réelle. La représentation de twitter dans ce drama le rapproche d'ailleurs un peu d'une forme d'ersatz de chat privé, tant les différents followers paraissent former une communauté fermée (même si la suite du drama nous montre que ce n'est, malheureusement peut-être pour certains, pas le cas).

Sunao ni Narenakute
nous introduit donc dans les vies compliquées de plusieurs jeunes adultes, habitués à échanger leurs dernières réactions sur leur vie via internet. Un quotidien personnel qu'ils présentent évidemment sous un jour biaisé, cédant facilement à la tentation de l'embellir ou de ne sélectionner que certaines informations à partager avec leurs followers. Cependant, le maintien facile de cette fiction, générée par la distance, va voler en éclat le jour où l'un d'entre eux propose une rencontre IRL ("in real life"). La série va alors explorer cette composante spécifique des relations humaines entretenues sur internet, la présentant avec une sobriété et une justesse qui sonnent profondément authentiques. Ne perdant pas de temps en introduction inutile, le pilote présente immédiatement les enjeux. S'y déroule ainsi la première réunion, dans la vraie vie, entre Nakaji (Keisuke), Haru (Tsukiko), Doctor (Seonsu), Linda (Kaoru) et Peach (Hikaru), une amie de Haru se laissant entraîner par l'enthousiasme de cette dernière.

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Le premier attrait de ce drama réside dans la mise en valeur de sa dimension humaine. Signe de la maturité de son écriture, la série aborde des thèmes adultes, n'hésitant pas à traiter de sujets difficiles. Si l'amour demeure invariablement une dynamique centrale, il se place loin d'une présentation fleur bleue idéalisée. Et, surtout, viennent s'y greffer des maux modernes, entravant bien plus sûrement que le jeu des sentiments, le quotidien de chacun des personnages. Certes les premiers épisodes n'évitent pas toujours le recours aux accents du mélodrame. Pour autant, la série ne verse jamais dans un pathos excessif dans lequel l'ambiance se ferait trop pesante. Agrémentée de scènes plus légères, où le collectif soudé permet d'alléger l'ensemble en se tournant résolument vers l'avenir, Sunao ni Narenakute se révèle souvent touchante, voire émouvante. Elle propose une exploitation pleine et entière de toute la large palette d'émotions humaines. Le mélange de ces différents ingrédients fonctionne : il se dégage de l'ensemble une véritable vitalité communicative.

Les scénaristes parviennent instinctivement à un équilibre fragile, mais convaincant, pour le moment, entre les diverses tonalités, réussissant à alterner le drame et les moments d'éclaircie marqués par ce besoin irrépressible d'aller de l'avant. Dans cette perspective, une des forces de Sunao ni Narenakute, qui assoit sa portée, reste d'avoir choisi une approche frontale et explicite pour nous relater les problèmes rencontrés par ses héros. Car, au sein de cette galerie de personnages très différents, rapprochés par une solitude que les rapports virtuels ne peuvent pleinement compenser, leur point commun semble être la façon dont la vie a pu, ou continue de, les abîmer. Nous sommes en effet face à des individus plus ou moins brisés, plongés dans des situations difficiles, voire intenables, pour lesquels cette rencontre IRL va peut-être pouvoir être une bouée de sauvetage. Apprendre ou re-apprendre l'amitié, l'amour... Sunao ni Narenakute, c'est aussi une réponse à l'isolement de l'homme moderne dont le salut passe par la force du collectif.

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Il faut dire que nos héros ont bien besoin de tirer parti de la maxime suivant laquelle "l'union fait la force". Car ils doivent face fae à de vrais problèmes, à bien des égards insolubles. Ainsi, Haru est une jeune professeur qui découvre son métier. Son absence de confiance en elle, qui se manifeste par un manque d'assurance chronique, rejaillit dans sa vie professionnelle, mais aussi personnelle. Nakaji, lui, se rêve artiste-photographe ; mais il navigue pour le moment entre un rôle d'assistant et réalisateur de photos de charme. Plus précaire encore, Doctor a immigré de Corée du Sud il y a quelques années. S'étant créé une identité de médecin dans le monde virtuel, il se heurte en réalité à l'environnement professionnel hostile des commerciaux, subissant quotidiennement humiliations et brimades de la part de ses supérieurs (une forme de racisme ?). Dans cette catégorie "très compliquée", il est également possible d'y classer la vie de Peach, laquelle semble avoir perdu tout sens. Mal dans sa peau, la jeune femme a l'impression d'être cernée de toute part. Entretenant une liaison sans futur possible avec un homme marié, elle pense être enceinte. Cherchant un exutoire dans l'automutilation, c'est un appel au secours qu'elle lance à ses nouveaux amis. Enfin, prouvant que les apparences peuvent être trompeuses, Linda paraît avoir la vie professionnelle la plus épanouie. Mais le jeune homme est confronté aux avances de plus en plus pressantes de sa supérieure hiérarchique. Une situation de harcèlement qui n'arrange pas ses problèmes physiques rencontrés lors de l'acte sexuel lui-même.

En somme, nous voilà donc aux prises avec des personnages bien écornés, parfois de façon irrémédiable. Le flirt avec une issue tragique est continuel. Le flashforward d'ouverture du premier épisode, spoiler dispensable mais qui pose un enjeu majeur, ne fait que souligner une évidence, que Peach mettra la première en acte. En dépit de ce cadre guère festif, Sunao ni Narenakute évite l'écueil de l'apitoiement : c'est un message où perce l'espoire que véhiculent les premiers épisodes de la série, posant finalement les bases optimistes d'une possible amitié. Le drama est d'autant plus dense qu'aucun de ses personnages ne se réduit à ses seules difficultés. Chacun présente plusieurs facettes, que le pilote ne permet que d'entre-apercevoir. Il esquisse des personnalités complexes, très loin d'être unidimensionnelles. Conservant ainsi l'attention du téléspectateur, ce sont autant de promesses pour les épisodes à venir, et de développements potentiels que l'on attendra avec curiosité.

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L'autre grande problématique évoquée par Sunao ni Narenakute correspond à ce portrait de socialisation moderne que le drama introduit. Sa description du passage du virtuel à la rencontre IRL sonne d'ailleurs très juste : sont exposés les différents stades de ce processus, au sein desquels le téléspectateur familier d'internet s'y retrouve aisément, des hésitations initiales jusqu'aux petits flottements et nécessaires ajustements à réaliser lorsque l'on se côtoie ensuite dans la vraie vie. La série est une occasion de permettre l'initiation d'une réflexion sur les rapports nés des réseaux sociaux. Plus globalement, elle traite de la socialisation des générations actuelles, mais aussi de la solitude engendrée par le rythme de vie d'une société qui s'agite autour de chaque individu, sans se préoccuper des sorts particuliers. A ce titre, il faut souligner certains dialogues particulièrement bien écrits, aux accents très authentiques, notamment les moments où les personnages exposent les raisons pour lesquelles chacun a éprouvé le besoin d'échanger sur twitter, puis de se rencontrer dans la réalité. Ces passages intéressants touchent une fibre sensible.

Au-delà des lourds problèmes individuels introduits, Sunao ni Narenakute met en exergue des maux plus profonds dont souffrent les sociétés modernes, soulignant cette déstabilisante perte de repères, conséquence d'une rupture du lien social au sein de milieux pourtant surpeuplés comme l'espace des grandes villes. Chacun s'y croise, mais personne ne se voit, en témoigne la scène du début où Haru et Nakaji traversent le même pont sans échanger un regard. Instinctivement, l'être humain recherche des palliatifs, pour corriger ce sentiment d'isolement. La série est aussi une invitation pour découvrir jusqu'où nos outils de communication et toute cette technologie peuvent nous conduire et nous aider sur cette voie, peut-être aussi à double tranchant.

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Sur un plan formel, la série se révèle des plus solides. La réalisation reste classique, mais offre quelques bons plans. A l'occasion, le découpage de l'écran et les balayages de changement de scènes s'insèrent sans souci dans la narration globale. La bande-son est plutôt sympathique et plaisante, collant bien à l'ambiance générale ; il faut cependant noter la forte présence de chansons anglophones.

Enfin, si tous ces arguments déjà énoncés ne vous ont pas encore convaincu de laisser sa chance à Sunao ni Narenakute, son casting devrait lui attirer les faveurs de quelques téléspectateurs supplémentaires, au vu des têtes connues qui s'y pressent. On retrouve en effet à l'affiche un couple phare composé de Eita et Ueno Juri (ce qui ne fait, certes, que renforcer la tentation du téléspectateur de faire des parallèles avec Last Friends). Pour assurer une touche d'international, le chanteur coréen Hero JaeJoong (membre de DBSQ) est venu pratiquer son japonais. Tamayama Tetsuji et Seki Megumi complètent ce casting assez homogène et plutôt solide.

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    Bilan : Série aux premiers abords assez sombres, Sunao ni Narenakute dresse le portrait désenchanté du quotidien d'une génération plongée dans une société où le lien social s'est dilué. S'intéressant à un nouvel outil de socialisation (twitter), elle esquisse une réflexion sur ces réseaux sociaux capables de faire naître des relations qui, à terme, peuvent devenir tout aussi tangibles et solides. Fable sur l'amitié, tout autant que questionnement sur les rapports et la place du virtuel et du réel, ce drama se rélève très riche en émotions les plus diverses, alternant scènes poignantes et instants d'éclaircie salvateurs. Ses premiers épisodes remplissent efficacement leur office, permettant de s'attacher aux différents protagonistes et donnant envie au téléspectateur de s'investir.


    NOTE : 7,5/10


    Une brève présentation de la série :